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JULIEN OCHSÉ



La poésie douloureuse et fiévreuse de Julien Ochsé, en rythmes souples et savants, émaillés de mots rares et de précieux vocables, mais selon la sévère ordonnance et la pure discipline traditionnelles, unit, harmonieusement complémentaires, les plus subtiles nuances de l’angoisse contemporaine aux thèmes immortels de l’âme universelle du monde.

D’avoir, infatigable voyageuse, en ses courses errantes, confronté l’illimité du songe à l’immensité des océans, cette poésie a pris une ampleur singulière, d’un séjour aux Iles de Paradis, dont les archipels sèment de fleurs les solitudes de la mer australe, où chante, dans l’éternelle lumière, la plainte éternelle des grandes houles, elle a pris son visage d’infinie tristesse. De la contemplation des ciels antarctiques, et de ces terres et de ces eaux où la mort a posé le sceau définitif de sa splendeur sans but et sans commencement, elle a gardé sa sérénité grave, en une face d’énigmatique beauté…

Avec Repose ailleurs, son dernier livre, le poète nous revient. Il nous revient, des jours de la Grande Épreuve où la mort guerrière a frôlé son front. Vivant, mais frappé de l’aile de l’Ange noir, ses chants ont des accents d’une infinie douceur. La lumière funéraire des soleils jamais voilés éclaire la route où vont ses pas anxieux…




LE BRUIT DES PAS


Des pas lointains s’en vont toujours autour de nous,
Des pas dans le jardin où les branches se froissent,
Des pas sur les chemins qui frappent les cailloux,
Des pas dans la maison se heurtant à l’angoisse,
Passages et départs, promenades, retours,
Inconnu que l’on craint, inconnu qu’on désire,
Dont la terre est l’obscur et commun carrefour,