TRISTAN DERÈME
Tristan Derème, c’est Ariel et c’est Puck. Ce n’est jamais
Caliban. C’est un Ariel plein d’humour et de bon sens, voilà
tout. En outre, un des plus charmants esprits de France,
comme en témoignent les poèmes écrits vraiment à la française,
sans amphigouri ni surcharges, et que nous trouvons inclus
dans le Tiroir secret, Petits Poèmes, le Parfum des roses fanées,
le Poème de la Pipe et de l’Escargot, et les Ironies sentimentales.
Ironies sentimentales ! Ne cherchons plus : voici les deux mots
qui peignent au vif ce chantre ailé ; car Tristan Derème, prince
de la Fantaisie au royaume de la Féerie, est aussi le plus ému
des poètes, quand il le veut bien. Mais une élégance de ton
innée l’empêche toujours de sombrer, tête en avant, dans le lac
orageux des grandes larmes romantiques. Point d’éclats, « de
la musique avant toute chose », et, je le répète, de la fantaisie,
de l’humour, de l’émotion contenue, enfin — diamant rare en
poésie — du Bon Sens. Un poète français, quoi !
QUELQUE ROSE QUE TU CUEILLES
Quelque rose que tu cueilles,
Une nuit la fanera ;
Le vent fait voler les feuilles,
Les amours, etc.
Et pourtant j’aime les roses,
Le feuillage et les amours
Et bien d’autres belles choses
Qui ne durent pas toujours.
Durer, durer... Rien ne dure.
Accourez, comparaisons !
Rappelons que la verdure
Pas ne dure trois saisons.