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Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a, dessus la place.
Las ! las ! ses beautez laissé cheoir !
O vrayment marastre Nature,
Puisqu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuroune
En sa plus verte nouveauté.
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur, la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

LA MORT D’UNE JEUNE FILLE

Comme on voit sur la branche au mois de may la rose
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur.
Quand l’aube de ses pleurs au point du jour l’arrose,
 
La grâce dans sa fueille et l’Amour se reposent,
Embasmant les jardins et les arbres d’odeur ;
Mais, battue ou de pluye ou d’excessive ardeur,
Languissante elle meurt, fueille à fueille desclose.

Ainsi, en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t’a tuée, et cendre tu reposes.

Pour obsèques reçoy mes larmes et mes pleurs.
Ce vase plein de lait, ce pannier plein de fleurs,
Afin que, vif et mort, ton corps ne soit que roses.

SONNET À HÉLÈNE

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle
Assise auprès du feu, dévidant et filant