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LES
MATINÉES POÉTIQUES


Lorsque le chevalier Bertrand d’Allamanon, après de rudes combats, pénètre dans le Palais de Tripoli, Mélissinde, la princesse lointaine, qui l’aperçoit, blessé, sanglant, lui crie :

« Messire ! Ah ! Qu’avez-vous à me dire ?

— Des vers ! » répond le troubadour provençal.

Ce sont des vers, aussi, que l’on va réciter devant vous. Et votre empressement à les venir entendre prouve qu’il y a chez nous un public prêt à s’intéresser à autre chose qu’à des danses cafres ou à des musiques de Peaux-Rouges.

À dire vrai, ce n’est pas la première fois que les habitués de la Comédie Française se sont réunis dans cette salle pour écouter des récitations poétiques. Au cours de la grande guerre, nous avons intentionnellement multiplié ces matinées. Des poètes y pleuraient nos deuils ; d’autres y chantaient nos espoirs.

Mais à ces séances données un peu au hasard et sans dessein suivi, la Comédie a pensé qu’on pouvait faire succéder des séances régulières, établies sur un plan médité, et pareilles à celles dont jadis, à l’Odéon, Catulle Mendès et Gustave Kahn furent les instigateurs applaudis.

Nous avons, à cet effet, trouvé autour de nous des concours ardents, et celui notamment de M. le député Rameil, rapporteur du budget des Beaux-Arts, qui, le premier, parla de ce projet.