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PRÉFACE

l’avocat des matinées poétiques. Les poètes savent ce qu’ils lui doivent et ne l’oublient pas. M. l’Administrateur général Émile Fabre, qui ne demandait qu’à être convaincu, le fut aisément, ainsi que les membres du Comité administratif.

La première séance fut donnée le 4 décembre 1920 devant une salle comble. L’enthousiasme du public fut extrême. Les matinées poétiques étaient définitivement fondées et, depuis lors, leur succès ne s’est jamais démenti. Il faut bien reconnaître qu’elles ont trouvé à la Comédie Française l’endroit où elles pouvaient et devaient le mieux réussir, celui qu’elles espéraient depuis longtemps. Quel cadre plus propice à la poésie que celui de cette grande maison, fidèle à la splendide tradition de son passé, gardienne de nos trésors dramatiques, et toujours audacieuse avec une sage prudence ! Où la poésie pouvait-elle espérer rencontrer de plus magnifiques ressources ?… Le public tout d’abord, ce public qu’a affiné la fréquentation des chefs-d’œuvre et qui réunit la majorité intellectuelle des spectateurs de théâtre… et ensuite cette merveilleuse pléiade d’artistes, interprètes uniques des poètes, qui se sont mis à leur service avec une ferveur, un dévouement dont on ne saurait leur être assez reconnaissant et qui ont par leur bonne grâce, leur empressement, leur intelligence, singulièrement facilité la tâche de l’organisateur.

Grâce à eux, la poésie s’est évadée du livre ; elle a retrouvé une de ses qualités essentielles : celle du chant ; elle a pu à nouveau, comme au temps des poètes errants et des troubadours, montrer qu’elle était faite pour l’oreille autant que pour l’œil et faire sonner ses rythmes par les voix musicales d’incomparables artistes.

Nous avons beaucoup réfléchi sur la composition et la distribution des programmes. Certains auraiant voulu plus d’ordre apparent, des groupements par époque, par sujets, par auteurs, par écoles. Nous avons craint une inévitable monotonie et de donner aussi à ces matinées une allure pédagogique qu’elles