comme de coutume, remplis d'eau, et la machine mise en activité. L'ouvrier s'étant souvenu, plus tard, qu'il avait enfermé ses pommes de terre, se garda bien d'en parler, dans la crainte qu'il ne fût cause de quelque accident fâcheux; cependant on ne remarqua rien de particulier jusqu'à l'époque du nétoyage de la chaudière, c'est-à-dire quinze jours après; alors on observa que l'eau était beaucoup plus trouble ou bourbeuse qu'à l'ordinaire, et que la surface de la chaudière était complètement exempte d'incrustation : un simple rinçage la rendit parfaitement propre.
On ne tarda pas à découvrir la cause de ce phénomène, et des essais répétés, avec des pommes de terre mises à dessein, produisirent constamment le même effet : bientôt ce procédé se répandit dans les fabriques. Appliqué, depuis cinq ans, dans une fabrique appartenant à l'un de nous, il a préservé de tout accident une chaudière et les deux bouilleurs en fonte. Au reste, l'efficacité est reconnue généralement aujourd'hui ; voici donc en quoi il consiste : avant d'allumer le feu sous la chaudière, on y introduit, outre la quantité d'eau ordinaire, des pommes de terre coupées par quartiers, dans la proportion de i5 à 2o kilogrammes, pour une machine de la force de vingt chevaux; cependant on peut varier la quantité, suivant que l'eau est plus ou moins chargée de sélénite, tout se passe ensuite à la manière accoutumée; au bout de trois semaines ou un mois au plus, on laisse refroidir le fourneau pendant douze ou quinze heures; on ôte les obturateurs et on vide l'eau bourbeuse; on passe dans la chaudière une petite quantité d'eau pour la rincer ; enfin on charge comme à l'ordinaire.
L'un de nous a indiqué, dans le Journal de Pharmacie, année 8, page 467 > la théorie suivante de cette action des pommes de terre. Ces tubercules, en contact avec l'eau, à une température soutenue de plus de cent degrés, s'y dissolvent presque en totalité; il en résulte un liquide visqueux, qui, enveloppant chaque particule de sel calcaire, au fur et