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veautoute la masse, et l'on met dans les formes ordinaires la pâte homogène qui en résulte. Ces préparations, vraiment utiles et économiques, ont donné l'idée d'une fraude qui se pratique, surtout en Angleterre : elle consiste à introduire, par les moyens ci-dessus indiqués, la pâte de pommes de terre cuite dans les graisses destinées à la fabrication du savon ; et ce sont particulièrement les graisses que les fabricans font recueillir dans les grandes cuisines, qui sont ainsi falsifiées. Ce mélange frauduleux cause un grand préjudice dans la fabrication du savon; car non-seulement tout le poids des pommes de terre est payé en pure perte, mais encore la présence de cette matière étrangère rend les solutions alcalines visqueuses, et oblige d'employer une plus forte dose de soude ou de potasse. On a quelquefois falsifié de cette manière, en France, la graisse extraite des os. Au reste, pour peu que l'on ait quelque défiance de cette supercherie, il est facile de la découvrir; il suffit, en effet, de maintenir, dans un vase un peu profond, de la graisse a essayer liquéfiée, pendant deux heures environ, à l'aide de la chaleur d'un bain-marie : la pomme de terre se dépose pour la plus grande partie, et, après le refroidissement, forme une couche distincte au fond d u vase.

On peut encore découvrir la fraude d'une autre manière: on fait bouillir, pendant un quart d'heure, la graisse dans dix fois son poids d'eau; la plus grande partie de la substance étrangère se dissout eu se dépose ; après le refroidissement, on enlève la graisse à la superficie du liquide, au moyen d'une écumoire; on la fait chauffer seule pour chasser l'eau qu'elle retient; on la laisse refroidir et on la pèse : on obtient ainsi le poids de la graisse réelle qui était contenue dans le mélange essayé.