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Lorsque la terre est disposée, on creuse, d’un seul coup de bêche pour chaque pied, des trous d’environ neuf pouces de profondeur à quinze pouces de distance les uns des autres; on place, dans chacun, deux ou trois quartiers de grosses pommes de terre, ou deux ou trois petits tubercules entiers, et l’on recouvre avec une partie de la terre retirée du trou; le reste sert plus tard à butter, en sorte qu’à chaque place plantée il reste un creux.

Dès que les jeunes pousses se montrent hors de terre, on opère le premier sarclage si les mauvaises herbes sont déjà assez nombreuses. Lorsque les tiges ont six à huit pouces de haut, on donne un binage en rechaussant les pieds ; on réitère cette façon deux ou trois fois, dans le cours de la végétation, en buttant de plus en plus; toutes ces façons doivent être regardées comme indispensables pour obtenir des récoltes abondantes.

Il paraît que l’on a observé des résultats fort remarquables d’un buttage particulier appliquable aux petites cultures : lorsque les pommes de terre ont déjà poussé des tiges assez fortes au-dessus du buttage ordinaire, on défonce, des deux bouts, des petits barils de cent à deux cents litres ; on passe toutes les fanes dans un des bouts, que l’on appuie fortement sur la terre, puis au fur et à mesure que les tiges grandissent, on ajoute de la terre dans le baril, qui finit par se remplir, lorsque les feuilles commencent à le déborder. Il se forme des tubercules dans toute la longueur de ce vase, et l’on assure que l’on obtient plus de quatre fois autant de produit que par un buttage ordinaire. Il est certain, au reste, que les buttages sont essentiels à la culture des pommes de terre, et que de ces façons dépend surtout la quantité du produit. Cette méthode, que nous n’avons pas répétée ni vu appliquer, pourrait être rendue moins dispendieuse, en substituant aux barils, des paniers défoncés qui, dans les fabriques d’acide sulfurique et celles de soude, sont à-peu-près sans valeur.