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VOYAGE AU PAYS DE LA QUATRIÈME DIMENSION

des maîtres, le style avait permis à l’homme de créer, au-dessus des contingences naturelles, un monde imaginaire formé de toutes pièces, immortel et seul capable de résister, au cours des siècles, aux lentes modifications de l’évolution.

Petit à petit, dans tous les mondes et dans les actes les plus différents de la vie quotidienne, les hommes supérieurs avaient pris pour habitude de soumettre leurs passions ou leurs besoins du moment au contrôle inflexible de règles immuables ; et souvent ils eussent préféré perdre la vie plutôt que d’y déroger.

Il était facile d’objecter sans doute que ces règles toutes arbitraires, toutes artificielles, pouvaient, d’aventure, être mauvaises, mais l’objection ne résistait point à un examen sérieux. Si une règle de style, en morale comme en architecture, se trouvait erronée, elle se condamnait ainsi d’elle-même par avance et n’était point viable. Dès l’instant, au contraire, qu’elle résistait au choc des faits, qu’elle se maintenait au cours des siècles, on pouvait être assuré de sa nécessité, de sa raison d’être, même si cette nécessité ne paraissait point évidente lors d’un premier examen ; et c’est ce qui fit dire souvent qu’un acte même infâme pouvait avoir quelque beauté lorsqu’il se poursuivait avec persévérance, car sa beauté prouvait