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LA MORALE DU LÉVIATHAN

à propos et d’une façon dangereuse, dans un temps qui n’était plus fait pour eux.

À côté d’une indulgence, qui déroutait profondément les traditionalistes humanistes, pour des actes immoraux individuels, on montrait, par contre, à cette même époque, une rigueur véritablement excessive pour des actes immoraux collectifs, et cet apparent illogisme égarait les recherches de tous les psychologues.

Qu’un homme ait commis, dans sa vie privée, toutes les indélicatesses, qu’il fût taré de mille manières, qu’il fût pourri moralement de la plus odieuse façon, cela ne pouvait en effet entraver son succès le jour où il intervenait avec opportunité dans une action commune.

Qu’un homme, au contraire, ait eu une vie de penseur irréprochable, des mœurs austères et pures, il se trouvait discrédité à jamais, broyé en quelques minutes dans le formidable organisme du Léviathan s’il intervenait à contre-temps dans une action sociale.

C’était, en fait, toujours ainsi que les choses s’étaient passées dans le corps humain lorsqu’il s’agissait de cellules. Il est curieux de constater, je le répète, qu’aucun moraliste du vingtième siècle n’ait su expliquer, par analogie, les troubles étranges qui se produisirent alors dans la morale publique.