siècle de considérer avec orgueil le chemin parcouru et de se figurer volontiers qu’ils n’avaient, plus rien de commun avec les animaux, qu’ils faisaient partie d’une race d’élite très à part et personne ne s’avisait d’imaginer jamais tout le ridicule qu’il y avait à penser que l’évolution des êtres se terminait à l’homme.
Si l’on avait pu, à cette époque-là, se dégager à temps de cet absurde préjugé humain, on n’eût point tardé, je le répète, à discerner la prochaine domination sur terre du Léviathan.
Évidemment, aux environs de 1912, on sentit bien que quelque chose se transformait dans le monde ; on parla volontiers d’époque de transition. Les uns affirmaient que les traditions anciennes étaient en pleine décadence, ce qui était vrai ; d’autres, que le monde scientifique avait modifié les idées sur bien des points, ce qui était encore vrai ; mais on attribua à ce changement une simple signification temporaire due aux variations habituelles de la mode.
En ce qui concerne plus particulièrement la morale, il eût été facile cependant de comprendre que sa transformation dépassait singulièrement les simples discussions éthiques d’autrefois. On constatait bien que la morale individuelle chrétienne était abolie ; que l’essai violent de sauve-