Page:Pawlowski-Voyage au pays de la quatrieme dimension - 1912.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
abstraction d’espace

longs parcours, qu’il me fut donné de réaliser les premières abstractions de distance dont j’ai conservé le souvenir. Une première fois, en revenant de Florence à Paris par Aoste, j’oubliai complètement le fragment de route situé entre Ambérieu et Tournus. Une autre fois, sur la route d’Espagne, ce furent les environs directs de Tours que j’omis de parcourir.

Ces abstractions matérielles, sur des parcours familiers, me furent révélées tout d’abord par de véritables remords que je ressentis, immédiatement après, en constatant mon oubli. C’était comme une révolte de toutes mes sensations ataviques, comme une protestation de la logique traditionnelle, et je m’efforçai, tout aussitôt, de trouver l’indispensable explication rationnelle qui eût libéré mes sens. Sans doute, ayant une grande habitude de la route, j’avais dû confondre un souvenir ancien avec la réalité présente. Je croyais avoir oublié un parcours alors qu’en réalité je l’avais accompli en pensant à autre chose. Certains témoignages matériels irréfutables : la consommation d’essence, les indications d’un compteur kilométrique et celles d’une montre, me prouvèrent qu’il n’en était rien.

Naturellement encore, je m’efforçai de penser qu’il n’y avait là qu’un ensemble de coïncidences