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abstraction d’espace

conscience continue nous révèle la seule existence réelle des qualités, c’est-à-dire des quatre dimensions réunies, comment se fait-il que nos sens, développés suivant les suggestions et les besoins de l’esprit, ne perçoivent pas avec la même facilité cette quatrième dimension, et n’est-ce point pour cela que nous sommes mortels ? Pourquoi devons-nous recourir aux analyses numériques de la science et découper l’univers en trois dimensions pour le rendre intelligible ? La réponse à cette question est facile. Notre monde est pour nous en perpétuelle transformation, c’est-à-dire en perpétuel progrès ; or la vision de l’univers continu s’oppose à toute idée de mouvement ou de changement. Notre conscience immobile participe de l’universalité des choses, elle n’a point besoin de recourir au fractionnement de l’univers, mais il n’en est pas de même pour notre corps. L’esprit, qui ne conçoit que l’unité absolue, par un artifice admirable, crée le monde à son image, mais le multiplie à l’infini. Il se reflète dans les chiffres ; il attribue çà et là sa personnalité entière aux fractions de l’univers qu’il veut analyser et comprendre. Le nombre, au delà du chiffre un, n’est donc, pour l’esprit, qu’un mirage, mais un mirage utile. Il lui permet de créer des individualités artificielles là où il distingue seu-