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VOYAGE AU PAYS DE LA QUATRIÈME DIMENSION

une matière et, d’autre part, une idée — une simple ligne bien souvent — qui relève de la quatrième dimension, qui est de tous les temps, qui ne dépend point de l’évolution ou des civilisations, une idée immortelle qui échappe à l’espace et au temps. La matière, ici comme ailleurs n’est que le support, le prétexte de l’Idée. L’art pur n’a point d’histoire ; il ne saurait évoluer.

Est-ce à dire que la vision du monde à trois dimensions nous soit inutile ? Loin de là. Sans cette vision incomplète nous ne pourrions discerner notre corps ni les autres objets extérieurs du reste de l’univers, c’est-à-dire de notre conscience ; nous ne pourrions faire défiler devant notre esprit les symboles d’idées que sont les faits jusqu’à ce que nous reconnaissions sur la terre d’exil l’image la plus exacte de notre pays natal. La vision du monde à trois dimensions nous permet d’évoquer nos souvenirs de l’Idée type mais elle n’est qu’une méthode d’abstraction et la quatrième dimension, fournie par notre conscience, nous permet seule d’atteindre la réalité.

Il serait inexact de croire cependant que l’intelligence humaine est une incarnation de l’Idée, car l’Idée pure ne saurait se diviser ni se mouvoir étant une. Mais l’intelligence peut façonner