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LE DÉGOÛT DE L’IMMORTALITÉ

meurée occulte. Peut-être avaient-ils su retrouver les secrets d’autrefois concernant la domestication de la volonté et la suggestion à distance ? On comprit que l’empire absolu des savants immortels s’établissait désormais lourdement et sans retour sur la terre entière, brutalement asservie.

Ce fut une période de triomphe sans bornes pour le Grand Laboratoire Central. Les Savants absolus ne mouraient plus. Ils demeuraient toujours identiques à eux-mêmes, et une centaine d’années s’écoulèrent de cette manière sans modification apparente. Puis, un beau jour, on annonça un premier décès au Grand Laboratoire Central, puis un autre. On crut tout d’abord à un accident, mais il fallut bientôt se rendre à l’évidence. Les savants les plus âgés se laissaient mourir sans paraître s’en soucier et l’on comprit, connaissant leur science incomparable, que de pareils actes ne pouvaient pas être involontaires.

Quelle étrange lassitude de la vie avait donc pu s’emparer de ces hommes, qui avaient tout vu, tout connu, tout exploré et pour qui la vie n’était plus qu’un perpétuel recommencement sans intérêt et sans imprévu ?

On apprit, avec plus d’étonnement encore, que des naissances se produisaient au Grand Laboratoire Central, et l’on s’efforça de justifier l’événe-