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LE DÉGOÛT DE L’IMMORTALITÉ

Sans doute ce secret n’était pas unique. Il comportait évidemment des centaines de méthodes, des procédés anciens destinés à renouveler automatiquement les cellules du corps humain et à le rendre pratiquement immortel en prolongeant indéfiniment la vie. On se souvint alors qu’aucun décès, depuis fort longtemps, ne s’était produit au Grand Laboratoire Central. Entendait-il se réserver le monopole de l’immortalité, faire une sélection parmi les hommes et anéantir dès maintenant les plus faibles ? On se livra, sur ce point, à toutes les conjectures. On hésita tout d’abord, par crainte, puis, bientôt, la nouvelle de la découverte de l’immortalité se propageant dans le monde entier, ce fut une ruée formidable, irrésistible, vers le Grand Laboratoire Central, un déchaînement des foules comme on n’en avait pas connu depuis les époques préhistoriques du moyen âge mystique.

Des gens se traînaient à genoux, s’accrochaient aux pierres du chemin, d’autres jetaient devant eux les objets précieux qu’ils pouvaient avoir, offraient toute leur fortune, sans songer à l’absurdité de telles offres, faites à des savants qui possédaient l’empire de la nature. Il y eut d’ardentes supplications, de touchantes intercessions en faveur de femmes ou d’enfants bien-aimés. Il y eut enfin, lorsque l’on comprit que toutes ces suppli-