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VOYAGE AU PAYS DE LA QUATRIÈME DIMENSION

non moins puissantes, mais tout aussi naïves, de la littérature et des beaux-arts. Pourquoi inventer des histoires mensongères, pourquoi fabriquer de toutes pièces des héros imaginaires ? Les hommes de l’âge scientifique comprirent de moins en moins la nécessité de ces fables puériles qui ne correspondaient en rien aux réalités pratiques du moment et faisaient perdre à tous un temps précieux. Tout d’abord, les littérateurs et les artistes essayèrent eux-mêmes d’accommoder leurs productions au goût du jour, en offrant au public des analyses rigoureusement exactes de la vie, des rapports scientifiques minutieusement établis d’après nature, ou des œuvres d’art décoratif s’appliquant étroitement aux besoins immédiats de la vie. Mais on ne tarda pas à comprendre que tout ceci n’était qu’illusions inutiles et le fossé se creusa, définitif et profond, entre les beaux-arts d’autrefois et les rêves scientifiques du monde nouveau. Bientôt, l’idéal s’étant entièrement déplacé, on ne put considérer sans souffrance les monuments anciens, surchargés de figures fétichistes destinées, sans doute, à conjurer le mauvais sort, on ne put lire sans dégoût les mensonges littéraires des grands poètes de jadis qui essayaient de masquer leurs sensations propres et leurs aventures personnelles sous la figure inexacte