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inaccessible, et l’espace ne s’explique à nos sens que par le temps que nous mettons à le parcourir.

Mais, par une sorte de paresse naturelle, notre esprit évite ces contradictions, les dissimule, comme si elles constituaient pour lui un véritable danger de mort.

Il faut bien le reconnaître en effet : dans l’état actuel de notre civilisation peu d’esprits pourraient supporter sans danger la destruction brusque ou même la dissociation des notions de temps et d’espace. Ces notions nous sont tellement indispensables que nous sentons tout aussitôt la terreur et la folie effleurer notre esprit lorsque nous abandonnons un instant ces deux béquilles traditionnelles qui lui permettent d’assurer ses premiers pas.

Et cependant, nous sentons bien, à chaque instant, que nous sommes environnés d’un immense inconnu. Entre le monde sensible et notre conscience, nous occupons une place étrange et mal définie ; nous restons timidement blottis au fond du navire qui nous emporte au hasard des flots dans une mer inconnue, et nous nous déclarons satisfaits si notre place demeure, pour nous, relativement la même entre les quatre murs de notre cabine. Si nous avions la volonté de sortir un instant de notre retraite, de jeter cou-