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VOYAGE AU PAYS DE LA QUATRIÈME DIMENSION

de la société, qu’il lui devait tout, que d’elle seule dépendait son existence matérielle, tout acte commis par le Léviathan ne pouvait l’être qu’au bénéfice de toutes les cellules sociales.

Son organisation communiste des plus absolues se compléta bientôt d’une répartition savante des anciennes fonctions humaines coupées en morceaux. Les fonctions de reproduction de la race furent elles-mêmes confiées à des laboratoires, toute initiative individuelle fut remplacée par d’indiscutables instructions données à chacun pour les moindres actes de sa vie.

On se félicita bientôt de la suppression définitive des tribunaux, qui n’avaient plus de raison d’être, le monde étant désormais condamné à la perfection et toute révolte individuelle ne relevant plus que du domaine médical.

Il y eut bientôt, dans tout le Léviathan, comme une formidable vague d’ennui qui s’abattit sur tous les hommes. Dépourvus d’initiative et de toute émulation, les êtres humains ressemblaient chaque jour davantage aux cellules disciplinées qui composaient leur propre corps.

On savait que le Léviathan, basé sur la logique scientifique la plus exacte, ne pouvait se tromper ; que s’il agissait mal, ce ne pouvait être que pour éviter un plus grand mal, et l’on en vint à s’aban-