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chose que je fis entendre ce fut des plaintes et des récriminations contre le directeur, les mains rouges, la mauvaise qualité de la nourriture en prison… Et à moi, on me parlait de nouvelles luttes, d’espérances, de bonheur à venir !

Pendant ce temps je me disais : « Pourquoi est-on venu troubler ma paix, à moi, qui déjà me trouvais bien, même là ! »

— Te voilà enfin de retour parmi nous ! me répétait pour la centième fois Warwara Nicolavna… Puis, soudain, elle se précipita vers le piano, et des accords follement joyeux retentirent. Elle était vraiment heureuse de me revoir. J’écoutais comme dans un rêve, ma tête bourdonnait… Tout à coup je sentis quelque chose de chaud me monter à la gorge. Je toussais. Un flot de sang s’échappa de ma bouche…

C’est étrange que depuis ce temps je me sens très bien : je suis gai et dispos, l’espérance ne m’abandonne plus. Mes poumons sont en très mauvais état, je le sais, mais je sais aussi que l’air natal me rendra la santé. Ah ! si je pouvais y être, au pays ! Mais il faut gagner un peu de force avant d’y retourner, car autrement ma vue ferait trop de peine à ma mère… Pauvre mère ! comme elle m’attend !

j. pavlofsky.