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Mon premier désir fut de garder cet argent coûte que coûte en souvenir de ma vieille amie. Plus tard, je fus forcé de dépenser les cinq copecks, je ne pus conserver que le grosch, qui avait à peine cours.

Une nouvelle figure avait ainsi fait irruption dans ma vie. À côté du directeur et de Pakhomof je pensais à ma vieille ; je m’efforçais de reconstruire mentalement l’histoire de sa vie et de sa chute. Ma cellule se remplissait de fantômes ; je les voyais agir, parler, rire, pleurer et travailler de concert à la ruine de ma vieille. Je pensais tant à elle que je commençais à m’imaginer qu’il devait y avoir quelque lien de parenté ou autre entre nous.

Au cachot.

J’avais très froid dans ma nouvelle prison. Les vitres de la fenêtre étaient couvertes de givre, ce qui rendait la cellule encore plus froide et plus sombre. Mes pieds étaient constamment engourdis. Je ne pouvais pas les réchauffer par la marche, il n’y avait pas assez d’espace pour cela. Je m’asseyais sur le lit en retirant les pieds sous moi, ou bien je les frictionnais ; mais cela ne me soulageait que peu. Après être resté assis pendant quelques instants, je sentais tout à coup un frisson me passer dans le dos ; je me levais alors et il me paraissait que j’étais brisé. Ah, Seigneur ! si je pouvais mourir !

Il y en a pourtant de ces gens qui meurent du typhus, du choléra, de la phtisie, qui meurent en voulant vivre… et moi qui considère la mort comme