Page:Pavie - Notice sur les travaux de M. Eugène Burnouf.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ser, il fait sourire et rêver, il charme parfois, et souvent aussi il effraie par cette théorie du vide, du néant, qu’il proclame. On ne peut le comprendre qu’après avoir étudié dans l’Introduction ce qui traite du dogme et de la doctrine. Le grand mérite du Lotus en lui-même, c’est d’avoir fourni à M. E. Burnouf le texte des savantes dissertations dont il l’a accompagné.

Ces manuscrits anciens qui sommeillaient dans les monastères du Népal, d’où M. Hodgson eut l’heureuse idée de les tirer, ces livres, qui contiennent la somme des croyances d’environ cent millions d’hommes répandus dans diverses contrées de l’Asie orientale, M. E. Burnouf put, en peu d’années, les lire, les entendre, les comparer entre eux, se les approprier au point d’en faire sortir à peu près tout ce qu’il importe à l’Europe d’en connaître. Nous avons déjà dit quelques mots de l’enseignement de Bouddha. À la différence du brahmanisme qui ne voyait que des barbares hors de la terre sacrée, le bouddhisme s’adresse au genre humain tout entier ; il vit et se propage par la prédication. Bouddha lui-même a dit : « Ici et ailleurs, quand je ne serai plus, les lois qui existent pour l’utilité du monde temporel, pour le bonheur du monde temporel, ainsi que pour son utilité et son bonheur futurs, il faut qu’après les avoir recueillies, comprises, les religieux les fassent garder, prêcher et comprendre, de manière que la loi religieuse ait une longue durée, qu’elle soit admise par beaucoup de gens, qu’elle soit répandue partout…… » L’enseignement n’est plus le privilège d’une caste. Pour être religieux bouddhiste, il suffit d’avoir de la foi dans le Bouddha, représenté par Çâkya Mouni, et de lui déclarer la ferme volonté qu’on a de le suivre. Alors le néophyte rase ses cheveux et sa barbe et prend pour vêtement un manteau rapiécé, symbole du renoncement ; puis il se met sous la direction d’un religieux plus âgé qui se charge de l’instruire. La vie de privation à laquelle se condamnaient ces religieux leur fit donner plus tard le nom de Çramanas, ascètes qui domptent leurs sens, et surtout celui de Bhikchous, mendiants, qui domina bientôt. Ces religieux, réunis en assemblées, devaient veiller à la conservation de la doctrine dans sa pureté ; ils avaient aussi le droit de recevoir les novices et de donner l’investiture à ceux qu’ils avaient reconnus capables d’entrer en religion. C’était comme un concile permanent qui remontait aux premiers disciples de Çâkya Mouni. Malgré le soin qu’avait pris le réformateur d’instituer un corps de religieux qui veillât au maintien de l’unité du dogme, quatre écoles principales