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M. DUPIN AÎNÉ

MEMBRE DE l’INSTITUT.

Paris, le 9 juillet 1858.

Monsieur,

Je vous remercie de m’avoir envoyé vos Remarques sur le Dictionnaire de V Académie. — J’ai tardé à vous répondre parce que j’ai voulu les lire. Je vous en félicite maintenant en connaissance de cause; c’est un errata très-utile, dont on devra profiter dans une nouvelle édition.

Recevez, je vous prie , etc.

Dupin.

EXTRAIT de l’Illustration, n’* du M octobre 1856.

M. Pautex, dont le nom se rattache à de nombreux et utiles travaux sur la langue française , et qui professe pour la grammaire un culte auquel il a voué sa vie entière, a entrepris et mené à fin une tâche ardue que lui seul eût osé aborder: il a lu le Dictionnaire de l’Académie. Il l’a lu, disons-nous, ce qui s’appelle lu, la loupe à la main, d’un œil scrutateur et inexorable. Dans ce voyage autour du monde , commencé à la lettre A et terminé avec la lettre Z , il a recueilli une ample collection de ces anomalies, de ces caprices orthographiques, éternel désespoir des instituteurs , des professeurs , des typographes et autres surveillants du feu sacré, auxquels l’application des règles semble déjà un labeur suffisant, et dont les exceptions multipliées déroutent toute la science. Nous ne parlerons pas de quelques erreurs échappées à l’impression de ce Dictionnaire, et qui disparaîtront facilement d’un tirage à l’autre; nous nous abstiendrons de signaler l’omission assez fréquente des indications nécessaires pour fixer la prononciation ; nous n’insisterons pas non plus sur cette profusion de variantes dans une matière qui devrait être invariable comme la loi : nous nous bornerons à citer quelques exemples , pris au hasard , dans diverses catégories d’irrégularités.

L’Académie emploie fort arbitrairement le trait d’union ; elle écrit dès lors et dès-là, par là et jusque-là, par derrière et par-dessus, là dedans et là-haut, au delà et aur-devant, portefeuille et porte-montre, entretoise et entre-sol^ surintendant et sur-arbitre, etc, etc. — Dans quelques verbes elle double la consonne; dans d’autres, elle se contente d’affecter de l’accent grave la voyelle qui la précède ’.j’appellerai, je harcèlerai; j’achèterai, je cachetterai; ou bien elle change la nature de l’accent , et elle écrit : je relèverai et je révélerai; je décèlerai et je recèlerai. — Pourquoi écrire maçonner et ramoner, cannellier et chapelier, lunettier et layetier, sangloter et grelotter? — Pourquoi cette diflférence entre des mots dérivés du même radical : emmaillotter et démailloter, consonnance et dissonance ? — Que dire de la triple méthode qu’elle admet pour des substantifs de formation analogue : remuement, dénûment, éternument; pour les adverbes absolument et assidûment ? — Pourcpioi surtout résolument et irrésolument? — N’est-ce pas pousser la liberté jusqu’à l’anarchie que d’autoriser, au mot payement, les variantes paiement et patment ?

Ce petit nombre de citations , pris dans le cours d’un volume très-rempli de faits, prouve tout le parti que l’Académie peut tirer du travail de M. Pautex pour ramènera une plus grande uniformité le code de notre langue, pour effacer de ses colonnes des disparates qui offusquent la logique, et des fantaisies qui défient tous les efforts de la mémoire. En attendant cet important résultat, qs Remarques deviendront l’annexe indispensable du Dictionnaire pour tous ceux’ qui, par goût ou par nécessité, s’intéressent à son perfectionnement. H. F.