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CONTES DU JONGLEUR

âmes, et vous endoctriner les gens comme il faut. »

Juste a ce moment l’autre arrivait. Il décharge aux pieds du maître sa conquête, qui n’était pas de trop bonne mine.

« Toi, dit Satan, qu’étais-tu là-haut ? Ribaud, traître ou voleur ?

— Rien de pareil, seigneur : j’étais jongleur, pour vous servir. Je n’ai pas laissé grand avoir sur terre ; j’étais pour l’ordinaire à peu près aussi dénué que vous me voyez. J’ai souffert du froid, de la faim, des rebuffades. Puisque me voici enfin hébergé, je chanterai pour vous, si vous voulez.

— Nous n’avons que faire de tes chansons : il s’agit bien de chansons ici ! Mais puisque tu es si mal vêtu,

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