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AUCASSIN ET NICOLETTE

Il voit les fleurs, les herbes qui florissent,
il entend le chant de mille oiselets :
alors lui revient le penser d’amour,
« — Nicolette, la tant aimée » —
et de soupirer, de verser des larmes.
Un jongleur paraît au bas du perron ;
il porte l’archet avec la viole ;
il parle, et commence ainsi sa chanson :
« Écoutez-moi, nobles barons,
ceux de la plaine et ceux du mont !
Vous plairait-il d’ouïr une chanson
de Nicolette et d’Aucassin ?
Leur amour était fort ;
il chercha son amie au profond des forêts ;
dans le donjon de Turelure
ils furent pris par les païens.
Aucassin est perdu ; où est-il ? on ne sait…
Mais Nicolette est à Carthage,
dans le palais du roi son père,
qui l’aime fort et veut la marier,
la marier au Sarrasin félon.
Elle dit : « Non ! »
car elle aime encor le beau jeune prince

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