Page:Pauphilet - Contes du jongleur, 1932.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.
AUCASSIN ET NICOLETTE

m’enlevèrent il y a bien quinze ans, j’étais alors fort petite. »

Tous les assistants furent aussitôt convaincus qu’elle disait vrai : ils lui firent fête et la menèrent au palais avec tous les honneurs dus à une fille de roi. Bientôt même on songea à la marier. On lui proposa un roi païen fort riche ; elle répondit qu’elle ne se souciait point de mariage. Cependant elle rêvait au moyen de retrouver son cher Aucassin ; elle y passa bien trois ou quatre jours.

Elle se procura une viole et apprit à en jouer. Enfin, comme on s’obstinait à la vouloir marier à quelque prince infidèle, elle s’enfuit de nuit, descendit au port et se fit héberger chez une pauvresse qui logeait sur la grève. Là elle se frotta le visage avec

165