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AUCASSIN ET NICOLETTE

et faites-vous si triste mine ? Si j’étais riche comme vous, le monde entier ne me tirerait pas une larme.

— Tu me connais donc ?

— Oui, je sais bien que vous êtes le fils de Monsieur le Comte. Et si vous me dites pourquoi vous pleurez, je vous dirai ce que je fais ici.

— Bien volontiers. Sache donc qu’hier matin je suis venu chasser dans cette forêt, que j’avais un lévrier blanc, le plus beau du monde, et que je l’ai perdu. Voilà pourquoi je pleure.

— Oh ! par le cœur et le ventre Dieu ! pleurer pour un chien puant ! C’est à vous dégoûter ! Mais les plus riches seigneurs du pays, si votre père leur en demandait un, s’empresseraient de lui en envoyer quinze ou

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