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AUCASSIN ET NICOLETTE

mêmes de lui. Bien au contraire, elles s’acharnaient contre lui, et vous le mettaient proprement en lambeaux. Il n’avait plus un pan de vêtement intact assez long pour faire un nœud ; le sang lui sortait des jambes, des bras, des flancs, en quarante endroits, ou en trente sans mentir. On aurait pu le suivre à la trace de sang qu’il laissait sur l’herbe. Mais il pensait à Nicolette, et ne sentait rien.

Toute la journée, il courut la forêt avec cette ardeur. Mais quand il vit que le soir tombait sans qu’il eût rien trouvé, il se mit à pleurer. Il suivait un ancien chemin tout envahi d’herbe ; soudain il y vit quelqu’un devant lui. Il allait l’aborder et faillit choir de peur. Car c’était un grand vilain, merveilleusement hideux : grosse

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