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AUCASSIN ET NICOLETTE

prit des draps de lit, des toiles, noua les uns aux autres, attacha un bout de cette corde au meneau de la fenêtre et se laissa glisser tout du long jusqu’au jardin.

Il y avait dans le jardin grande rosée sur l’herbe, et Nicolette allait retroussant des deux mains sa vêture. Jamais elle ne fut plus gracieuse. Ses cheveux d’or brillaient sous la lune, ses yeux changeants riaient ; et riaient aussi ses lèvres plus vermeilles que cerise, entr’ouvertes sur de petites dents blanches et menues. Et sous la tunique de soie se soulevaient ses petits seins ronds et fermes comme deux noix gauges. Légère, et si fine qu’on eût pu enclore sa taille dans les deux mains, elle allait parmi les fleurs du jardin, et les blanches margue-

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