Page:Paul de Saint-Victor - Les deux masques, tome 1.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
GRANDEUR ET DÉCADENCE DE BACCHUS.

les cuves. Tout autour, les femmes de l’impératrice sautent et trépignent, vêtues de peaux de bêtes. Messaline, débraillée et échevelée, se démène, agitant un thyrse ; Silius, couronné de lierre, chaussé de cothurnes, danse vis-à-vis d’elle, roulant la tête d’une épaule à l’autre, au chant criard d’un chœur aviné. Cependant un des conviés, Vettius Valens, est pris de cette folie sardonique, signe des mauvais présages de Bacchus, qui fait sangloter le rire des Prétendants de l’Odyssée attablés à leur dernier festin. Il grimpe sur un arbre, à la façon d’un Satyre, et se tient debout à la cime. On lui demande ce qu’il voit : « Je vois, répond-il, un orage furieux du côté d’Ostie. » — L’orage accourt en effet, subit, écrasant, avec Claude averti, les centurions en armes, les chars qui roulent, les messagers qui se pressent, les chaînes préparées, les ordres de mort. Bientôt arrive le licteur au front bas et le glaive tendu, qui égorge la grande Bacchante sur son lit de pampres.

VII

Cependant, en Grèce, et vers le même temps, Bacchus, accaparé par l’Orphisme, poursuit ses évolutions théurgiques. Jamais le vin dont il fut le dieu