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ESCHYLE.

« jardins » phéniciens sont remplacées par des corbeilles d’argent pur. Les ex-voto ne sont plus des chevelures arrachées, mais de petits Amours d’or suspendus à des branches d’anis, des broderies brillantes, des gâteaux de miel pétris en forme d’oiseaux. Aux hurlements enragés des Extatiques de Syrie, succèdent des élégies mélodieuses ; la plainte du rossignol et le chant du cygne, au lieu du miaulement des panthères flairant leur mâle abattu par le javelot du chasseur.

« Ô maîtresse ! Aphrodite d’or ! Après douze mois, les Heures, aux pieds délicats, te ramèneront Adonis, tel que le voici, des rives de l’intarissable Achéron ; les Heures amies, les plus lentes entre les Déesses, mais les plus désirées, car toujours elles apportent quelque don aux mortels… — Que Cypris se réjouisse, puisqu’elle a son jeune époux ! Pour nous, dès l’aurore, à l’heure de la rosée, nous irons en troupe vers la plage des flots, et les cheveux dénoués, les ceintures défaites, les seins nus, nous dirons un chant éclatant. — Seul entre tous les demi-dieux, ô cher Adonis ! tu vois tour à tour la Terre et l’Achéron. Sois-nous maintenant propice, et sois heureux jusqu’à la nouvelle année. Tu as été le bienvenu, ô Adonis ! et quand tu reviendras, tu le seras encore. »

En parlant d’Adonis, on ne s’éloigne pas de Bacchus. D’anciens rapports le liaient au fils de Myrrha et à Cypris, sa divine maîtresse. Une tradition disait qu’il les avait visités dans leur paradis du Liban, et que les amants lui avaient donné leur fille Béroë.