La déesse voulait que chaque femme fût une Astarté pour chaque homme, que toutes fussent à tous. Couchées sous des tentes de feuillée, aux carrefours des villes, au rond-point des routes, le front noué d’une corde, elles devaient tout le jour se vendre aux passants, et verser dans le trésor du temple la pièce d’argent qui payait leurs stupres sacrés.
Adonis entra de bonne heure dans l’Hellade ; le génie du lieu orna et embellit sa légende. Ce fut comme si Praxitèle avait retouché de son ciseau et ramené au type grec une bizarre idole orientale. On supposa qu’Aphrodite avait recueilli l’enfant merveilleux, tombé de l’arbre à parfums, et que, l’enfermant dans un coffre, elle l’avait confié à Perséphone, comme on cache sous terre un trésor. Mais la jeune reine des Enfers s’éprit de ce doux garçon ; lorsque Cypris le réclama, elle ne voulut plus le lui rendre. Ce fut alors, entre les déesses, une querelle exquise, pareille à celle d’Obéron et de Titania, dans le Songe d’une nuit d’été, de Shakespeare. — « La reine a pour page un aimable enfant, volé à un roi indien, le plus charmant captif qu’elle ait jamais possédé, et le jaloux Obéron voudrait faire de l’enfant un cavalier de sa suite, pour courir avec lui dans les forêts sauvages. Mais elle retient de force le petit bien-aimé, le couronne de fleurs, et fait de lui toutes ses joies. » — Zeus, pris pour ar-