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ESCHYLE.

de l’époux de Sita ? Quoi qu’il en soit, Bacchus, dans l’Inde, prend vite l’air d’un dieu du pays. Alcibiade, réfugié en Perse, ne devint pas plus aisément Satrape accompli.

L’Inde est soumise, Bacchus la parcourt. Il l’initie, par le sang de la vigne, à la grande communion humaine ; il lui donne des lois et lui révèle des dieux plus cléments. Il y sème des colonies et y dresse des trophées que les soldats d’Alexandre retrouveront plus tard. Les pagodes fêtent le dieu conquérant, le tamtam sonne ses victoires. Brahma rentre, pour quelque temps, dans l’œuf d’or natal ; Vischnou s’est rendormi dans la mer de lait, sur sa couleuvre à cinq têtes, laissant passer ce brûlant orage.

Au retour de sa campagne triomphale, sur son char traîné par quatre éléphants, Bacchus longeant les rives du Gange ou côtoyant les villages de l’Himalaya, aurait pu voir, par la porte entr’ouverte de quelque case au toit de bambous, une famille fidèle au culte antique de sa race accomplir une cérémonie mystérieuse autour du foyer : — l’homme chantant une hymne en langue inconnue, et frottant deux morceaux de bois de figuier sur une poignée de feuilles sèches puis, quand l’étincelle l’avait enflammée, la femme exprimant le suc d’une plante acide, pour nourrir le feu nouveau-né.