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PROMÉTHÉE ENCHAÎNÉ.

fils de Zeus et de Maïa, du grand Jour et de la Nuit ; car Maïa, divinité de la Terre, non point cultivée ni fertile, mais sombre et vague comme elle est sur les montants des sommets, se confondait avec les plans indistincts de l’obscurité. Tout est nocturne, secret, clandestin dans cette nymphe élémentaire qui vit à l’écart des autres dieux, au fond d’une grotte profonde : maîtresse cachée comme un trésor, que l’Olympien ne possède qu’au sein des ténèbres. Hermès est donc, avant tout, un dieu de demi-teinte et de clair-obscur, nuancé des pâleurs de l’aube et des rougeurs du couchant. Son premier exploit, si délicieusement raconté par l’Hymne Homérique, met en scène le double phénomène qu’il personnifie. Le soir même de sa naissance, il vole les vaches d’Apollon, et il est alors le Crépuscule ravissant les rayons solaires. Mais, le matin, l’enfant doit les rendre sous la contrainte du dieu dépouillé, les faire sortir de la noire étable on il les avait enfermées ; et c’est maintenant le petit Jour restituant au maître de la lumière ses feux dérobés.

Hermès est tout entier dans ce premier germe, son caractère mythologique se développe d’après les significations qu’il contient. La Grèce, entre tous ses dons, eut au degré suprême le génie des analogies. Lier et coordonner les rapports, démêler les affinités et les rattacher par des nœuds subtils, tirer d’une idée première, d’une note initiale, mythologique ou