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LES MYTHES DE PROMÉTHÉE.

de l’Olympe romain. L’enfant n’est reconnu par son père qu’après qu’il lui a fait traverser sa flamme ; l’épouse n’est légitime que lorsqu’elle a communié avec l’époux devant l’âtre, en mangeant le gâteau nuptial. Le foyer, dans le monde antique, reste la pierre angulaire de toutes les cités.

Revenons au Prométhée grec issu de l’engin rudimentaire à l’aide duquel les Aryens produisaient le feu. Cette filiation est indiscutable. L’acte de faire tourner le bois dans le bois, à la façon d’une tarière, s’appelait en sanscrit védique Manthâmi, qui signifiait « ébranler », « produire en dehors par le frottement ». Le bâton générateur qui en tirait l’étincelle était nommé Pramantha, ce qui ajoutait au premier vocable le sens « d’arracher » de « ravir ». Les choses employées par la main de l’homme se personnifiaient vite dans ces temps de mythologie luxuriante, la vie divine coulait à plein bord et pénétrait tout. Pramantha devint donc bientôt Pramâthyus, « Celui qui creuse en frottant », « Celui qui dérobe le feu ». Les commentateurs des Védas firent, plus tard, une sorte d’homoncule magique de l’instrument inflammable. Ils appliquèrent à la baguette qui le constituait un canon de plans et d’espaces correspondant aux parties qui divisent le corps humain. Tant de pouces pour la tête et pour la poitrine, tant