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mystérieuse. Les deux plantes mâle et femelle qui ont formé son berceau, deviennent son père et sa mère terrestres. L’accouchement est lent et laborieux, c’est sous un forceps que naît « l’Enfant de la force». — « Cher Agni ! tu reposes encore, comme l’enfant à naître au sein de la femme grosse. » — On le voit poindre, faible et pâle, dans le germe de l’étincelle, et sa venue est saluée par des cris d’extase. Il lèche d’abord en tremblant le bois qui l’entoure, mais le nouveau-né réclame des aliments plus solides l’homme lui offre des branches de couza, de l’orge criblée ; la femme l’allaite de beurre et de lait caillé. Il grandit alors et se fortifie à vue d’œil, il agite en tous sens ses langues innombrables, il darde ses quatre yeux vers les quatre points de l’espace. Le voilà en état d’être transporté sur la pierre du foyer et sur le gazon de l’autel. Le Soma qu’on lui verse l’exalte et le dresse jusqu’au flamboiement ; c’est le moment de l’apothéose. Alors sa puissance éclate et sa bonté se prodigue. Il n’avait que quatre yeux tout à l’heure, « pour regarder ceux qui le nourrissaient ; il en ouvre mille maintenant, « pour tout voir et tout protéger ». C’est « le Dieu à la barbe d’or », « le Pontife aux sept rayons », le Héros rouge qui « poursuit de ses flèches la troupe des ténèbres », l’Exterminateur des démons cachés sous la forme des animaux nocturnes, le Médiateur qui porte au