éclater les vieux vases. Ce petit dieu de maraîchers et de vignerons va troubler le monde et le conquérir.
II
C’est à Thèbes que se forme la grande légende de Bacchus, celle qui décide son type et le pousse vers sa destinée. Il y renaît fils de Zeus et de Sémélé, la fille de Cadmus. Sémélé veut que l’Olympien descende sur le lit nuptial, dans l’appareil de sa gloire ; il s’y abat éblouissant de rayons, embrasé de foudres ; la femme est consumée par l’amant de feu. Mais Zeus retire à temps le fruit inachevé de la mère en flammes ; il l’enferme dans sa cuisse, où Bacchus attend le temps de sa gestation. « Cousu dans la cuisse », Εἰραφιώτης, ce sera là un de ses surnoms répétés. L’enfant en sort ainsi deux fois né, après le temps qui aurait été celui de la grossesse naturelle. Hermès le porte, emmailloté de lierre, aux nymphes de Nysa, qui l’élèvent et qui le nourrissent.
Le mythe ici reste clair comme les phénomènes physiques qu’il met en action. Sémélé, c’est la terre végétale fécondée par le dieu de l’air d’où s’écoulent les pluies du printemps, calcinée ensuite par les feux et les tonnerres de l’été. Le fruit qu’elle produit resterait imparfait, s’il n’était couvé par les brouil-