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SECONDE GUERRE MÉDIQUE.

et l’enfer : la terre était tranchée en deux zones, comme la vallée du Jugement dernier. Ce culte très pur et très salubre dans l’ancien Iran, avait d’ailleurs contracté d’affreuses mésalliances avec tes mythologies sémitiques que la conquête avait portées dans son sein. Son foyer souillé n’en gardait plus qu’une pâle étincelle. L’empire moitié phénicien et babylonien de Xerxès représentait déjà tous les vices et toutes les fatalités de l’Orient : l’idolâtrie monarchique, le despotisme absolu, les superstitions délirantes, la haine des mouvements de l’idée et des transformations de l’esprit. Le sabre iranien était aussi fanatique que le cimeterre musulman. En réalité, si la Perse avait subjugué la Grèce, ce n’est point son Ormuzd, c’est son Arihmane qui aurait vaincu, et qui aurait frappé l’univers d’une Plaie des Ténèbres plus profonde que celle de l’Égypte. Mais le faux dieu du jour stérile, derrière lequel se cachait le démon nocturne, rencontra sur la mer brillante de l’Hellade le jeune dieu de la vraie lumière. Il y eut choc entre les deux astres, et le divin Phœbus abattit Ormuzd sous sa flèche ailée.

L’hypothèse prend le vol du rêve pour sonder le vide qu’aurait creusé dans le monde la disparition de la Grèce. Athènes asservie ou détruite, l’élite de son peuple transportée dans les provinces de la Médie ou de la Susiane, un harem installé sur la colline sacrée