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LA PERSE ET LA GRÈCE.

Grèce. Le Géant massif et chaotique de l’Asie marcha contre l’Homme dont la petitesse, restée droite au milieu du prosternement unanime, choquait de loin son orgueil.

III

Darius avait contre la Grèce des ressentiments qui motivaient son attaque. L’Ionie et l’Archipel s’étant soulevés contre la domination des Satrapes, Athènes avait envoyé vingt-cinq trirèmes a leur aide. Ses soldats avaient pris et incendié Sardes, la capitale lydienne des rois de Perse. Hippias, le fils de Pisistrate, réfugié à Suse, était devenu le conseiller de Darius, et le petit tyran déchu poussait le grand despote à la guerre, pour restaurer son principat sur les ruines de sa patrie subjuguée. Des intrigues de cour compliquaient et envenimaient ces griefs. Atossa, la femme de Darius, avait un désir fantasque et obsédant comme un rêve, celui d’être servie par des jeunes filles athéniennes. La sultane voulait être coiffée et habillée par des Grâces. De tout temps, l’alcôve a été le véritable Divan des monarchies asiatiques. C’est de là que parlent les faveurs subites et les disgrâces foudroyantes, les révolutions de palais et les déclarations de guerre. — « Tu es terrible