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ESCHYLE.

désert d’un texte effacé. Tel passage, désormais inintelligible, ressemble à une frise raturée. Tel vers gigantesque se dresse sur l’emplacement d’une trilogie, colonne unique du temple abattu. — Il y a des espaces laissés en blanc, aux angles des vieilles mappemondes du quinzième siècle, qui portent cette légende gravée entre leurs lignes indécises : Ilic sunt Leones. On pourrait inscrire ces trois mots, avec une variante, au-dessus de la liste des tragédies perdues d’Eschyle : — « Il y avait ici des lions. »

Mais on peut restituer le génie d’Eschyle d’après ses débris, comme on recompose les êtres antédiluviens d’après leurs vestiges. Sept drames nous restent de cette défaite de chefs-d’œuvre, et ce sont encore les « Sept Chefs » du théâtre grec.