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VI
PRÉFACE.

vient, selon moi, d’adopter que ce qui est vraiment nécessaire, que ce qu’imposent, comme des faits acquis, les progrès de la science et de la critique. Tout ce qui dépasse cette juste mesure risque de troubler et de rebuter le lecteur. L’antiquité n’est pas déjà si familière au public pour qu’on se plaise à en obstruer les abords. Gardons-nous d’entourer de broussailles les ruches de l’Hymète, n’élevons point des barricades cyclopéennes devant la porte du Parthénon.

Quelle que soit la fortune de ce livre, j’en suis récompensé par avance. Il m’a rapatrié dans le monde antique, il m’a ramené aux sources sacrées ; j’y ai puisé les plus pures joies qui puissent rafraîchir et ravir l’esprit. « Les Grecs » – a dit Goethe dans un mot célèbre – « ont fait le plus beau songe de la vie. » Ce songe, je l’ai refait avec eux et il me semble que je m’en réveille en écrivant les dernières lignes de ces pages pleines de leur gloire et de leur génie.