Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 79 —

On entre dans les états pontificaux par une route escarpée et pittoresque. Notre voiturin passa sans accident le détroit si périlleux, il y a dix ans, des rochers de Terracine. L’excellente raison pour laquelle le brigandage exerçait paisiblement ses droits, c’est que douaniers, postillons et habitants du pays, faisaient partie de la bande et touchaient leur part du butin. Le douanier visitait les bagages en conscience. S’il ne remarquait rien de précieux, on ne se dérangeait pas ; mais lorsque l’examen des malles était satisfaisant, un courrier expédié par les chemins de traverse allait avertir les brigands ; la voiture trouvait à qui parler en arrivant au défilé, puis on partageait en frères. Voilà comme il est agréable d’exercer l’état de voleur, à coup sûr et sans danger. Ne me parlez point de ces misérables écumeurs de grands chemins, échappés des galères, qui arrêtent une diligence au risque de n’y rien trouver de bon ; obligés souvent, ne voulant que voler, de passer au rôle tragique d’assassins, embarrassés