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l’attelage, bon Dieu ! trois grands fantômes de chevaux qui paraissaient morts depuis longtemps : deux au timon et le troisième en arbalète, à dix pas en avant des autres, attaché par de longues cordes qui n’étaient jamais tendues. C’est dans cette machine du temps de Charles-Quint que je montai, le cœur navré, tournant le couteau contre moi-même pour rompre tous les petits liens qui me retenaient dans ce Naples si charmant et si regrettable. J’aurais voulu que le coche fût plus horrible encore. Nous étions au 8 juin. La baie, le Vésuve et Capri ne m’avaient jamais semblé si azurés, et je sortais comme un fugitif par la porte Romana. Avant d’arriver à cette porte, les chevaux-fantômes s’abattirent trois fois. L’arbalète donnait le signal en se jetant sur le flanc ; les deux autres venaient se heurter dans ses jambes, et tombaient avec un accord admirable, embrouillant les traits , guides et cordages , au point qu’il fallait tout dételer. Dans ma douleur, je songeais à la chute des feuilles de