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tère fier qui ressemble à celui des Espagnols du beau temps du marquis de Pescaire.

— De la fierté ? me répondit-on ; où avez-vous pris cela ? Ils reçoivent un affront sans dire mot.

— Fort bien : leur point d’honneur n’est pas le nôtre. Cela m’empêche pas la fierté du caractère.

— Sans point d’honneur, où est la fierté ?

Il devenait impossible de nous entendre. J’entamai un troisième chapitre.

— Du moins, repris-je, vous ne nieriez pas qu’ils sentent vivement une injure, et qu’ils s’en vengent d’une manière ou d’une autre. Que pensez-vous de l’affaire de la tagliada ?

— Que c’est une insigne lâcheté que de faire blesser un homme pour de l’argent.

— Vous avez raison ; mais ces gens-là sont passionnés, et avec des passions bien dirigées, on peut accomplir de grandes choses. Il ne faudrait qu’un moment d’accord et d’énergie aux Siciliens…

— De l’énergie ! ils n’en ont aucune. De la