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que les habitants de Palerme s’enfuyaient à l’approche des Normands ou des barbares. Les hommes du peuple avaient laissé la bonacca pour la veste de toile. À la pointe du jour, on arriva sur la plage, où un grand nombre de barques attendaient les acteurs et les curieux. Les bateaux formèrent bientôt un demi-cercle en bataille à l’entour des filets, au pied desquels les thons dormaient sans doute encore. Le thon, quoique fort gros, n’est pas doué de beaucoup d’intelligence. Il obéit à des instincts simples et innocents. Celui de l’émigration le mène à sa ruine, à cause de sa routine habituelle et de la méchanceté des hommes. Lorsqu’il vient donner de la tête dans les filets qui lui barrent le passage, le pauvre animal n’a pas l’idée de retourner en arrière et de faire un détour. Il veut passer au-dessus de l’obstacle, et nage en montant jusqu’à la surface. C’est là que son ennemi l’attend, averti par l’écume et les bouillonnements de l’eau.

Aussitôt que le bataillon des thons paraît,