Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 38 —

plusieurs jours, une croisière de barques était établie en observation le long des côtes et au cap de Gallo. D’immenses filets étaient déjà tendus jusqu’au fond de la Méditerranée, à l’endroit où les pauvres bêtes passent tous les ans, et se laissent toujours prendre. En avant de la caravane des poissons, il y a des éclaireurs qu’on aperçoit à une grande profondeur, et on envoie aussitôt un courrier à Palerme pour avertir de la venue des thons. Ce courrier arrive ordinairement vers minuit ; à deux heures, la population des pêcheurs se met en marche. Nous étions couchés lorsqu’une rumeur semblable à celle d’une émeute populaire nous fît sauter hors du lit. Le Borgo était déjà parti en masse, et les carrosses allaient à sa poursuite. Les voitures de place s’étaient munies d’un troisième cheval orné de grelots. Nous conclûmes notre marché avec un de ces fiacres, et nous nous mîmes en route. Des charrettes emplies de monde et d’instruments de pêche couraient le train de la poste, au moyen de chevaux de relais. On aurait cru volontiers