Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/359

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 351 —

fameuse Cène et quelques rares ouvrages de Luini, nous nous regardions en nous demandant ce que nous pouvions faire encore en Lombardie. L’automne marchait à grands pas ; le retour des pluies devenait menaçant, et les sites des Alpes nous invitaient à partir. M. V… poussait des soupirs à fendre le Simplon, en recueillant ses souvenirs tout frais de Venise. En causant de notre séparation prochaine, dans la cour de notre auberge, nous vîmes une affiche qui annonçait pour le soir la traduction du Louis XI de Casimir Delavigne, jouée par le célèbre Modena, le Talma de l’Italie. Depuis le plaisir extrême que m’avaient fait les petits théâtres napolitains, je n’avais pas trouvé un spectacle satisfaisant, excepté un soir à Florence, où un acteur appelé Domenicone avait joué d’une manière remarquable le Saül d’Alfieri. J’avais déploré la mort des théâtres vénitiens, dont la gaieté eut jadis un succès européen. Les Pantalons, les Tartaglia, les Trufaldins s’étaient envolés ; il ne restait plus qu’un pauvre Arlequin pour soutenir le