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Moïse, dans les coins et les petites rues, le menton incliné, comptant les dalles, et justifiant son sobriquet de solitaire. Il recommençait à parler tout seul et à murmurer des vers d’un air sombre et distrait. L’été de la Saint-Martin ranima encore une fois sa verve. Il eut un retour vers la satire, non pas comme dans sa jeunesse, contre de fausses locutions, des drames traduits, le patois chioggiotte, ou d’autres bagatelles indignes d’échauffer la bile d’un homme mûr. Les ridicules ne lui arrachaient plus que des sourires, ce fut sur les vices qu’il fixa son regard pénétrant. Le débordement des mœurs était parvenu à un degré d’effronterie tout à fait révoltant. Le génie satirique de Gozzi ne pouvait voir de tels excès sans leur dire un mot, et comme le sujet en valait la peine, l’émotion se mêlant à la plaisanterie, il trouva une quatrième manière, non plus gauloise comme dans la Tartane ni orientale comme dans les fables et les allégories, ni italienne comme dans les pantalonnades ; l’indignation et le chagrin lui inspirè-