Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/346

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 338 —

tes et les pliait à ses fantaisies. Une fois amoureux, il se laissa mener et se plia lui-même aux caprices d’une femme sans intelligence. Teodora n’entendait rien à la comédie dell’arte, ni aux conceptions poétiques, encore moins au merveilleux mauresque ou persan, pas davantage aux allégories. Elle suivait des routines de déclamation, s’habillait du manteau piqué des vers de la tradition, et ne jouait bien que les drames compilés et empruntés. Gozzi emprunta et compila pour lui plaire. Il traduisit le Gustave Vasa de Piron, la Chute de dona Elvira, pièce espagnole, la Femme vindicative, etc. Le public applaudissait par complaisance, mais il ne reconnaissait plus le père original, hardi et volontaire de Turandot et des Trois Oranges. Gozzi mécontent, bouda contre les Vénitiens pendant quelques années. Il laissa la Ricci jouer son antique répertoire d’ouvrages classiques et usés. Ce temps de repos ne fut pas inutile à cet esprit dérouté. Le poëte se retrempa dans le silence. On le revit comme autrefois se promener à Saint-