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et la signora Ricci se vit enfin applaudie et acceptée par les Vénitiens. Cette réhabilitation porta le coup de la mort à la compagnie Sacchi. Toutes les actrices jalouses se liguèrent contre la nouvelle favorite ; une fois l’espoir perdu de convertir le poëte en marito felicissimo, l’envie et la haine ne gardèrent plus de ménagements. Les quatre masques tournèrent leurs regards de tous côtés pour chercher de l’emploi ; la spéculation se mettant de la partie, les directeurs de Sant’Angelo, du théâtre de Mantoue, et même celui de la Comédie italienne de Paris, leur firent des propositions. Darbès et Fiorilli, gagnés à force d’argent, quittèrent San-Salvatore pour entrer dans la troupe rivale, de sorte que Gozzi se trouva en peu de temps sans Tartaglia et sans Pantalon. Par une transformation subite, il donnait des pièces sérieuses tandis que ses concurrents héritaient de son genre et de ses acteurs comiques. Comme dans le Roi cerf, l’amour lui avait fait imprudemment laisser son corps pour passer dans celui d’un autre, qui